En ce moment plus que jamais, nous voulons tous faire notre part et encourager le marché québécois. Mais en matière d’alimentation, que signifie le terme «local»?
Selon l’agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), cela veut dire un produit qui vient d’un rayon de 50 kilomètres et moins. Mais se limiter à la distance pour définir le locavorisme est un peu simpliste et nous éloigne des autres enjeux de l’achat local, notamment l’économie, la santé et l’environnement.
Encourager l’économie d’ici
Au moment d’ajouter des aliments à notre panier, la question qui se pose est qui voulons-nous encourager avec notre achat? Une entreprise québécoise ou plutôt une entreprise à proximité pour réduire les gaz à effet de serre (GES) associés au transport? Si on ne prenait qu’en compte la distance, le Vermont ou encore l’Ontario seraient deux choix logiques pour un Montréalais, mais ce choix n’encourage pas l’économie québécoise, ou même canadienne.
La crise actuelle nous amène à réfléchir sur notre autonomie alimentaire et nous fait réaliser l’importance des commerces de proximité qui offrent ou transforment des produits québécois. En matière d’achat de produits alimentaires québécois, il existe plusieurs distinctions et des logos peuvent nous aider à les repérer. «Local» n’est pas nécessairement synonyme de «100 % produit ici». Si on considère l’impact économique de nos achats, nous pouvons également encourager des entreprises d’ici, qui génèrent des emplois en transformant, emballant ou distribuant des ingrédients qui nous viennent d’ailleurs. Est-ce encore un achat local? Cela dépend surement des motivations et des priorités de chacun vis-à-vis l’achat local.
Acheter des produits d’ici c’est aussi une façon d’encourager nos producteurs alimentaires et le commerce équitable. Slow Food appuie les initiatives en circuits courts, c’est-à-dire impliquant le moins d’intermédiaires possible pour que chacun soit rémunéré à sa juste valeur. Avoir une relation avec son maraîcher de proximité permet non seulement de s’assurer de la provenance de ses aliments, mais aussi de poser des questions et d’en apprendre plus sur les produits d’ici.
Voici une liste de canaux de commercialisation qui constitue un bon point de départ pour établir ce genre de relation commerciale. Voir également la section Ressources plus bas.
• Vente à la ferme
• Marchés publics
• Autocueillette
• Vente en paniers
Si le circuit-court n’est pas une option, on peut quand même s’approvisionner en produits du Québec au supermarché. Pour les fruits et les légumes, l’origine doit être indiquée sur l’étiquette de prix. Pour d’autres produits comme la viande ou la volaille, il n’est pas aussi facile d’identifier l’origine. On peut alors se fier à différents logo pour faire des choix locaux. Nous vous recommandons cet article de Protégez-vous pour vous aider à vous y retrouver entre les différents logos «Aliments du Québec», «Aliments Préparés au Québec», «Aliments Bio du Québec» et «Aliments Bio préparés au Québec».
Et l’environnement dans tout ça?
Si nous voulions manger local à l’année, il faudrait se donner les moyens de production nécessaires pour faire pousser fruits et légumes en plein hiver québécois. Selon une étude américaine datant de 2014, la culture de laitue en serre peu chauffée générerait moins de GES que l’importation de laitues cultivées dans des champs lointains. C’est encourageant! Il existe d’ailleurs quelques serres similaires au Québec, mais peu produisent toute l’année en raison du froid hivernal. Jean-Martin Fortier, responsable de La Ferme des Quatre-Temps et qu’on peut voir à la télé dans la série documentaire Les Fermiers, a lancé l’idée récemment dans La Presse de s’allier avec Hydro-Québec afin de construire plus de serres chauffées, où l’on pourrait produire à l’année.
Nous pourrions avoir une meilleure souveraineté alimentaire tout en améliorant notre bilan environnemental. À plus petite échelle, l’agriculture urbaine peut aussi réduire notre empreinte écologique et créer des liens avec son entourage, même si on ne cultive que quelques fines herbes sur son balcon!
Qualité supérieure
Il ne faut pas mettre de côté le plaisir de manger des produits bien de chez nous. Dans bien des cas, ils arrivent plus rapidement dans nos assiettes et sont donc plus frais et bien goûteux. En dehors de la saison des récoltes nous pouvons incorporer à nos menus davantage de légumes racines, des courges et nos belles pommes du Québec qui sont disponibles 12 mois par année. Les produits congelés ou séchés (bleuets, canneberges, etc) peuvent également nous amener une plus grande variété durant les mois hivernaux. Pour choisir des produits d’ici au rayon des surgelés, on peut rechercher les logos «Aliments du Québec» sur les emballages de produits.
Bref, le locavorisme c’est bien plus que de manger des aliments produits à une certaine distance de son domicile. C’est une vision beaucoup plus hollistique de l’alimentation et de la production alimentaire qui englobe entre autres des enjeux économiques et environnementaux. Il y a une multitude de définitions du locavorisme et c’est à nous d’établir laquelle nous convient, selon nos valeurs et nos inquiétudes. Pour commencer à acheter local, voici une liste de différents organismes de certifications et quelques commerçants.
Ressources
Pour faire des choix locaux à l’épicerie, recherchez les différents logos «Aliments du Québec» ou «Québec Vrai». Pour aller plus loin, voici une liste d’organismes et de commerçants qui prônent et facilitent l’alimentation locale.
Fruits et légumes
Organismes : Coopérative pour l’agriculture de Proximité Écologique (CAPÉ)
Commerçants : Les fermiers de famille par Équiterre, Les fermes Lufa, Arrivage, certains marchands des différents marchés publics de Montréal
Viande
Commerçants : Boucherie Saint-Vincent, Ferme des Hautes Terres, Pascal le boucher
Produits de la mer
Organismes : Fourchette bleue par Exploramer
Commerçants : Poissonnerie Fou des Îles, Les Délices de la Mer