Pas besoin d’être agronome ou agriculteur pour démarrer votre potager. Jardiner se résume à l’aménagement d’un espace, quel qu’il soit, grand ou minuscule, pour que le vivant, le bon et le beau prennent racine. Avec une bonne planification, il est possible d’avoir des récoltes qui ne seront peut-être pas parfaites, mais qui vous rendront certainement fier!
Voici un plan de match pour vous accompagner tout au long de la belle saison, des semis aux récoltes.
Planification (février à mai)
L’emplacement
Selon l’endroit où vous vivez et les ressources dont vous disposez, plusieurs options s’offrent à vous pour votre potager: la culture directe en terre dans la cour arrière ou avant là où c’est permis; la culture en bacs; la culture en pots sur le balcon; les plates-bandes gourmandes; la ruelle en projets collectifs ou individuels; les jardins communautaires; etc. Il est possible, dans certains arrondissements de la ville de Montréal, de jardiner dans le parterre en face de chez soi grâce aux initiatives comme Faites comme chez vous dans le quartier Rosemont-La-Petite-Patrie. Renseignez-vous auprès de votre quartier pour connaître les modalités et les programmes offerts dans votre région.
Outre la dimension de l’espace physique dont vous disposez, quelques critères de base vont guider le choix d’emplacement de votre potager. Par exemple les heures d’ensoleillement disponibles ou encore le temps dont vous disposez pour prendre soin de votre jardin. Soyons réalistes, un balcon orienté au nord a peu de chance de produire beaucoup de poivrons. Cependant, la laitue aime bien une part d’ombre. Pour avoir une récolte suffisante, il vous faut au moins 6 heures de plein soleil par jour.
L’orientation préférable est celle du sud-ouest. Si vous venez d’arriver dans un logement et ne connaissez pas la course complète du soleil sur une année, levez-vous tôt pour observer le lever du soleil. Où éclaire-t-il? Sachant qu’il se lève à l’est et se couche à l’ouest, observez si des bâtisses ou des arbres bloquent les rayons et les empêchent d’éclairer par endroit.
Le choix des plants
Vient ensuite la décision concernant ce que vous voulez et pouvez faire pousser tout le long de l’été. Qu’avez-vous envie de manger? Évidemment, essayer de faire pousser un ananas est trop demandé à notre belle saison. Chaque plante à une zone de rusticité propre, c’est-à-dire un espace climatique distinct. Au Canada, ces zones vont de 0 (aucune culture ne peut se faire parce que le sol est gelé en permanence) à 9 (un hiver très doux). Suivant cette cotation, Montréal et ses environs se retrouvent en zone 5 ou 6.
Une fois la zone de rusticité et les heures d’ensoleillement de votre emplacement en poche, vous pouvez sélectionner les plants les plus adaptés à votre espace et établir un plan de potager pour tirer le maximum de votre espace nourricier.
Plan d’aménagement
Dans votre plan d’aménagement, vous devez tenir compte de l’espace de croissance et du temps de croissance requis pour les plants choisis. Voici un calendrier de culture pour les zones de rusticité 5 et 6 des Jardins de l’écoumène pour vous aider.
Le temps de croissance sera important pour les jardiniers qui veulent maximiser l’utilisation de l’espace et établir un plan de jardin avec une stratégie de succession. Ceci consiste à utiliser le même espace avec des plantations successives dans la même saison, en considérant le temps de croissance des végétaux. Par exemple, les radis, s’ils sont semés tôt, sont prêts à être récoltés en début de saison. Dans l’espace vacant, on peut y planter des navets qui, eux, seront à maturité à la fin de la saison et, ainsi, ne pas laisser la terre à de mauvaises herbes. Pour une stratégie de succession réussie, nous vous recommandons cette deuxième leçon de l’Académie potagère.
Le plan d’aménagement doit prévoir la disposition des cultures, mais aussi ménager des aires de circulation pour faciliter l’entretien tout au long de la saison.
En plus du plan d’aménagement, un plan d’organisation ou calendrier de jardinier vous sera très utile pour assurer le succès de votre potager en complétant les étapes au bon moment.
Semis et plantation (mi-mars à début juin)
Vous avez maintenant un plan et vous devez choisir entre faire vos propres semis ou acheter des plants plus matures. Les semis sont moins dispendieux que les plants. Cependant, ils demandent du temps et parfois même une lumière d’appoint s’ils sont faits à l’intérieur. Cet article explique la marche à suivre si vous choisissez cette option. Il est important de ne pas oublier d’acclimater vos végétaux aux conditions extérieures avant de les planter dehors.
Et si jamais vos semis ne sont pas un succès, vous aurez toujours la possibilité d’acheter des plants un peu plus tard dans la saison et de les planter directement dans votre lopin vert! Il est à noter que certaines graines, comme les radis ou la salade, peuvent être semées directement à l’extérieur. Référez-vous au calendrier de semis de légumes d’Espace pour la vie Montréal.
Quant au choix des semences, pourquoi ne pas vous tourner vers les semences patrimoniales? Elles représentent une excellente solution, tant pour amener de la diversité dans votre assiette que pour favoriser la biodiversité. Vous pouvez consulter notre publication pour en connaître davantage à leur sujet.
Qu’est-ce que de la bonne terre pour jardiner?
Après avoir fait votre plan de potager et commencé vos semis, il est temps de parler terre. Il s’agit d’un facteur déterminant pour avoir le pouce vert ! Si jamais vous avez des doutes sur la qualité de votre terre, vous pouvez la faire analyser par votre centre de jardinage. On vous guidera pour déterminer quels amendements le sol a besoin: allègements, nutriments, capacité de rétention de l’eau, et ce, en fonction des choix de cultures désirées.
La bonne qualité de terre pour optimiser la croissance de vos végétaux se mesure à la quantité de microorganismes y ayant élu domicile. Plus il y a de la vie, plus l’échange de minéraux entre la plante et le sol est idéal. La meilleure méthode pour nourrir cette vie souterraine est d’enrichir la terre avec du compost riche en nutriments.
La capacité de drainage de la terre est un facteur important que tout jardinier doit considérer. Une terre trop compacte fait ruisseler l’eau plutôt que de la laisser pénétrer en profondeur, ce qui empêche le système racinaire de la plante de se développer de façon optimale. Plus l’eau se rend profondément, plus les racines vont suivre. Cela permet donc une meilleure capacité à résister aux grands vents et aux fortes pluies, en plus d’assurer un meilleur apport nutritif.
Pour améliorer le drainage dans un pot ou dans un bac, vous pouvez percer des trous à tous les 30 centimètres et les recouvrir de toile géotextile, de pierres plates ou de styromousse par exemple. Si vous jardinez dans un bac surélevé, vous pouvez prévoir de la place au fond pour faire une réserve d’eau qui se remplit avec l’aide d’un tuyau (voici un exemple). Il existe aussi des mélanges de terre déjà tout faits sur le marché.
Culture (mai à octobre)
Qu’est-ce qu’un arrosage adéquat?
Une fois la planification derrière vous, il est temps de faire pousser vos différents végétaux à l’extérieur. La variable sur laquelle vous aurez le plus de contrôle est l’arrosage. La clé, c’est de trouver un juste milieu. Voici une vidéo qui explique comment arroser son potager en pleine terre.
Sinon, règle générale, pour un pot de 25 centimètres de diamètre, il faut 2 litres d’eau à chaque arrosage. Pour un pot de 40 centimètres, il faut 3 litres et 5 litres pour un pot de 50 centimètres. Lorsque les fruits et légumes commencent à apparaître, il faut doubler la quantité d’eau. Il vaut mieux arroser son jardin avec de l’eau tiède plutôt que froide, si possible, et éviter de le faire lorsque le soleil est haut dans le ciel.
En période de canicule, il est crucial d’arroser son potager tous les jours. Si jamais vous vous absentez quelques jours, demandez à un ami ou un voisin de s’en occuper en échange de quelques récoltes. Sinon, il existe des systèmes de minuterie liés au tuyau d’arrosage. Pour un jardin à plus petite échelle, vous pouvez récupérer des bouteilles de plastique de 2 litres, percer un trou dans le bouchon et la planter dans votre sol à l’envers. Ce système de goutte-à-goutte vous permettra de vous absenter une fin de semaine.
Comment se débarrasser du désherbage?
L’autre variable sur laquelle un jardinier exerce un certain contrôle est le désherbage. Il existe plusieurs manières de s’épargner la corvée. Vous pouvez créer un tapis de plantes plus petites, comme des fleurs ou des fines herbes. La fleur des œillets Marigold est reconnue pour attirer des insectes pollinisateurs. Vous pourriez aussi mettre du paillis, surtout si vous cultivez en pleine terre. Le seul désavantage du paillis est qu’il restreint la croissance des plantes. Un truc est de mettre du papier journal autour du plant et au fur et à mesure de la saison de peler la circonférence nécessaire à la croissance de la plante. Si vous jardinez en bac, il est préférable d’y mettre une toile géotextile au fond et de recouvrir d’un pro-mix ensuite.
Comment minimiser les nuisibles?
L’élément sur lequel les jardiniers tout comme les agriculteurs n’ont à peu près pas de mainmise est le contrôle des nuisibles. Une année peut s’avérer exceptionnelle, et une autre, une catastrophe. Il existe malgré tout des astuces pour contrer les ravageurs. Sachez que la présence d’insectes n’est pas nécessairement un mauvais signe. Ils peuvent même être des alliés, à l’exemple de la coccinelle qui éloigne les pucerons. Pour ce qui est des chats et des écureuils, il existe des répulsifs à appliquer et des clôtures et grillages pour les empêcher d’aller fouiller dans les plates-bandes.
La récolte (juin au premier gel)
Voilà le moment tant attendu: les légumes sont maintenant prêts à être cueillis. Cette étape se passe de longues explications. Si vous avez opté pour la plantation en succession, vous pouvez récupérer l’espace vacant pour votre deuxième plantation. Et si vous vous retrouvez avec une quantité importante de légumes, consultez notre publication pour profiter de votre récolte sans gaspiller.
Hivernage: clôture du potager (fin octobre et début novembre)
Comment prolonger la saison?
Vous voilà outillé pour jardiner tout l’été, mais la rentrée des classes en septembre ne signifie pas la fin de la saison de jardinage. À la venue des premiers gels, il suffit de cueillir les fruits et légumes les moins résistants pour terminer leur maturation à l’intérieur (poivrons, tomates et autres). Il s’agit de faire de même pour vos fines herbes que vous pouvez continuer de faire pousser à l’intérieur.
Si jamais vous voulez laisser vos végétaux dehors sans trop craindre les risques de gel, optez pour une couverture flottante, qui laisse passer l’eau et la lumière, pour protéger la récolte du gel. Vous pouvez laisser les légumes plus résistants encore un peu à l’extérieur. Chou, kale, bette à carde et compagnie peuvent continuer leur croissance à des températures plus basses et avec moins d’ensoleillement.
Comment préparer la prochaine saison?
Envie de recommencer l’expérience l’année prochaine? Il y a quelques étapes à effectuer avant de ranger vos gants de jardinage. Il faut couper les vivaces (la livèche, l’oseille, l’ail, etc.) près du sol et enlever les plantes annuelles mortes. Vous pouvez les composter, sauf si elles ont été malades. Votre potager se retrouve à nu. Il est préférable de le recouvrir de compost puis de paillis (paille, feuilles mortes, bois raméal fragmenté) pour le réchauffer.
Pour éviter de trop désherber l’an prochain, il est possible de recouvrir le tout d’une toile transparente. Cela permet de préserver les éléments nutritifs de la terre, d’éviter l’entrée de mauvaises herbes et de réchauffer le sol. Une précaution qui permettra un départ plus tôt la saison prochaine! Vous n’aurez qu’à l’enlever au printemps, lors d’une journée pas trop ensoleillée, pour permettre au sol de se réacclimater tranquillement.
Que planter maintenant pour la prochaine saison?
L’automne est une saison sous-estimée pour planter. Avant de fermer complètement votre potager, il est intéressant de planter des vivaces en prévision de l’année suivante. Mais, qu’est-ce qu’une plante vivace ? À l’inverse des plantes annuelles, les vivaces ont une durée de vie de plusieurs années. Elles croissent, fleurissent et produisent des graines chaque année. Parmi les vivaces comestibles, il y a par exemple l’ail, l’asperge et le topinambour. L’automne est la saison parfaite pour les planter, puisque le sol est encore chaud. Il y a donc moins de risques de choc thermique. Les semer en octobre les aide à développer un système racinaire et donc à mieux s’épanouir pendant les chaleurs estivales.
Pour aller plus loin
- CultiverMTL est un groupe d’entraide pour faire de l’agriculture urbaine à Montréal.
- La brouette est un organisme à but non lucratif situé à Trois-Rivières qui offre plusieurs tutoriels en vidéo pour le jardinage.
- Les Urbainculteurs, aussi un organisme à but non lucratif, ont un podcast qui s’appelle Mâche-patate où on peut obtenir une foule de renseignements sur la scène jardinage montréalaise et des trucs et astuces pour débutants.