Par Coralie Bissonnette, bénévole
Le découragement face à l’ampleur systémique des changements climatiques nous touche tous. Chacun a sa propre réponse et décide de s’attaquer à ce qui lui semble le plus important. Si vous suivez les activités de Slow Food, il est probable que vous considérez l’alimentation au cœur du problème. Il existe plusieurs solutions pour réduire son empreinte carbone au niveau alimentaire. Nous avons parlé du locavorisme, du gaspillage alimentaire et de la planification pour la saison froide. Ce sont toutes des actions individuelles. Elles ont un impact, mais parfois on peut se sentir seul à entreprendre des actions pour contrer les changements climatiques.
Si jamais vous vous sentez isolé face à l’ampleur de la tâche, sachez que vous n’êtes pas seul. Les membres du réseau Slow Food promeuvent l’alimentation bonne, propre et juste depuis sa fondation en 1986 en Italie. Nous sommes 100 000 membres répartis partout sur la planète à tenter de sensibiliser nos concitoyens et nos classes dirigeantes aux enjeux alimentaires et à la protection de la biodiversité et des savoir-faire traditionnels.
S’engager dans un mouvement militant ajoute une nouvelle dimension à ses actions. Sans devenir un prédicateur, la répercussion n’est plus qu’à la sensibilisation de son entourage. Il est possible d’avoir un impact sur la biodiversité.
L’impact de SlowFish au Canada
Prenons un exemple canadien, en 2010 des militants de plusieurs milieux en Colombie-Britannique se sont réunis pour créer la communauté SlowFish Canada, se greffant ainsi à une campagne internationale de Slow Food. Il s’agit d’une campagne qui veut militer en faveur de la protection de la biodiversité marine par une consommation plus responsable des aliments de la mer. SlowFish Canada regroupe des gens du milieu universitaire, de la restauration, de l’industrie de la pêche, de la conservation de la faune et même de l’industrie hydroélectrique. Ils ont mis la main à la pâte pour former une économie de la pêche respectueuse de l’environnement.
Une des réussites de ce projet a été la restauration de l’habitat du bassin de l’Okanagan pour les différentes variétés de saumons. En 1995, il n’y avait que 1000 saumons adultes recensés dans les eaux du bassin. Vingt ans plus tard, grâce à des changements de mentalité en réponse à la campagne SlowFish, on dénotait 600 000 saumons adultes dans le bassin de l’Okanagan. Cela n’aurait pas été possible sans que tous les acteurs décident de promouvoir la biodiversité.
Ce n’est pas tout de restaurer les habitats naturels, il faut que les pêcheurs puissent vivre décemment de leurs prises. Le professeur John Volpe, de l’université de Victoria, avec l’aide de quelques chefs de Vancouver éduquent les consommateurs sur la diversité des poissons comestibles autres que le flétan, le saumon et la morue. Ce sont souvent des poissons, comme le maquereau, que l’on utilise comme appât ou qui se retrouve dans les filets par inadvertance. Ils constituent une perte pour les pêcheurs puisqu’il n’y a pas beaucoup d’options de ventes, et pour la biodiversité parce que les poissons sont rejetés dans l’océan souvent morts
Pour suivre le mouvement d’éducation, certains poissonniers, comme Hooked à Toronto, privilégient les circuits courts et la relation avec le pêcheur pour vendre des produits de haute qualité à leurs clients.
La boucle est ainsi complétée pour mettre en valeur et consommer de manière responsable les produits de la mer. Cela n’aurait pas pu se concrétiser sans la volonté et la persévérance de gens animés du même but.
Les avantages de l’entraide
Rien ne peut se concrétiser sans une communauté derrière un projet commun. À Montréal, il existe une coopérative agricole urbaine, la Centrale Agricole, qui pratique l’économie circulaire. Cela se définit par une réutilisation de ce que l’économie linéaire considère comme des déchets. Il faut minimiser son impact environnemental dans sa production. Concrètement, la Centrale Agricole regroupe différentes entreprises qui peuvent utiliser les rebuts de l’un et l’autre. Si vous voulez en savoir plus, voici un reportage de l’émission L’Épicerie. Ceci est une initiative commerciale, qui a des retombées tout aussi sociales que environnementales.
Il y a aussi des mobilisations collectives à saveur politique comme faire inscrire une race d’animaux au patrimoine agricole québécois, ce qui a pour impact de préserver un savoir-faire et un goût de la cuisine locale.
Cela peut aussi être un projet communautaire comme la mise en œuvre du marché de la terre à Bouctouche au Nouveau-Brunswick. Des produits frais en circuits courts y sont plus accessibles et les producteurs ont une meilleure vitrine pour leurs récoltes. Sans oublier que le marché est devenu un lieu de rencontre pour les résidents.
Comme dans la communauté SlowFish Canada, il est nécessaire de réunir plusieurs personnes autour d’un projet commun pour que ce soit un succès.
Un appel à tous
Avez-vous une idée d’un projet qui pourrait aider la situation alimentaire dans votre milieu? Faites-vous partie d’une communauté ou d’une organisation qui partage les mêmes objectifs que SlowFood sur les enjeux liés à l’alimentation?
L’équipe du convivium de SlowFood Montréal pourrait s’associer à vos efforts pour augmenter la force de frappe. Nous cherchons à promouvoir l’alimentation bonne, propre et juste en rassemblant des gens sensibilisés aux enjeux alimentaires. Ensemble, nous pouvons établir de nouveaux circuits courts, une économie respectueuse de l’environnement et sensibiliser sur l’importance du goût. Nous pouvons aussi mieux nous faire entendre face aux classes dirigeantes. Statuer dans nos gestes quotidiens, mais aussi dans notre prise de parole, que les changements climatiques doivent être adressés. L’heure n’est malheureusement plus à la seule sensibilisation, il faut prendre des actions pour sauver la planète. Voudriez-vous faire partie du mouvement ?
Écrivez-nous à info@slowfoodmontreal.com